pour les curieux, ou ceux qui trouvent qu’un nouvel appareil à 12 méga pixels est encore un peu cher, voici un vieux procédé simple à mettre en œuvre, original et dont le résultat est de super qualité. J’ai nommé…. mais oui… on a deviné…





le cyanotype




C’est un procédé photographique ancien, inventé par l'astronome anglais John Frederick William Herschel (1792-1871), qui découvrit que les sels ferriques devenaient des sels ferreux sous l’effet de la lumière.


Il consiste à fabriquer son propre papier photo à partir de deux composés chimiques de base, facile à trouver et pas cher. L’exposition à la lumière donne un composé très connu, le Bleu de Prusse. Ce procédé a été abandonné car il ne donnait pas de noir, et qu’il était difficile à virer.
Une variante est utilisée pour fabriquer des plans par les architectes qui emploient du papier développé avec des sels d’ammoniaque, qui donne des dessins bleus et bruns.


le développement se fait par contact, c’est à dire qu’il faut exposer le papier sensible aux UV (soleil ou lampe à bronzer) pendant un temps assez long (plusieurs heures) avec le négatif de même taille posé dessus. Pour faire un négatif au format de ma future photo, j’imprime tout simplement ma photo retouchée en négatif et en inversé sur un papier A4. (et là il vous faudra bien un appareil numérique ou un scanner, désolé pour ceux qui ont pas ça).


Néanmoins, une petit appareil suffit, 2 Mégapix par exemple, puisque le grain du papier donnera de toutes façon un travail assez hétérogène !) de nombreux liens parlent du sujet… je citerai seulement

Photo Helios
Photogramme
Book Photo
enfin, en anglais, deux sites ici et







voici un résumé de ma façon de faire, en image s’il vous plaît.
d’abord les chimies : il faut deux composés de base, le ferricyanure de potassium, (qui va générer la couleur bleue)
et le citrate de fer ammoniacal vert (qui fournit la sensibilité à la lumière). Pour ma part, j’ai utilisé du citrate d’ammonium et ça marche aussi (certains sites sont confus au niveau des produits et j’avais pas celui qui semblait le plus utilisé, le citrate de fer ammoniacal vert). Ces deux produits sont sans danger à doses normales. Cependant, ne jouez pas sans gants, ni dans la cuisine, ni avec vos enfants à côté, ni avec des récipients usuels… prenez donc de vieux pots de bébé !


Attention aussi à ne pas mélanger le ferricyanure à un acide, il dégagerait du cyanure…

 

 
Pour le support, tout ce que vous voulez, bois, papier, carton, tissu, plastique…
J’ai pour ma part utilisé du carton à dessin canson " C à grain " et du carton Lavis Technique.
j’essaierai prochainement sur du bois bien poncé, je vous raconterai !
pour le mode d’emploi… facile !
 
 




Les produits

on mélange une cuillère à café de ferricyanure de potassium dans 25 ml d’eau.

on fait de même avec le citrate de fer.

ces produit sont stables mais doivent être conservés à l’abri du chaud et de la lumière.


Le négatif

pour ma part, j’utilise ma bonne vieille imprimante jet d’encre. Je tire ma photo en noir et blanc (et oui, pas la peine de faire de la couleur, le cyanotype est un procédé bleu et blanc !)

attention : pensez à retoucher votre photo : il faut inverser la photo (symétrie horizontale) et tirer en négatif. Pour cela, utilisez donc Gimp, qui est gratuit et très performant.

 On peut imprimer sur du transparent, l’exposition est plus rapide. Certains sites proposent aussi de faire deux impressions et de superposer les deux images exactement pour renforcer les contrastes… je ne l’ai pas fait pour ma part, ça allonge considérablement le temps de tirage... déjà que !

 

Le papier

quand les négatifs sont prêts, le papier acheté, dans une pièce sombre… (certains préconisent un éclairage inactinique de labo photo… franchement, vu la vitesse où le papier noircit, ce n’est peut-être pas utile ! ) on peut mélanger les deux solutions à dose égale et attendre quelques minute que le mélange devienne trouble (là aussi les doses sont discutables, mais cette proportion marche très bien). le mélange est sensible à la lumière, il ne se conserve pas longtemps (quelques jours dans le noir).

Ensuite, il ne reste plus qu‘à enduire le papier (toujours en milieu sombre). pour une feuille de carton A4, compter une cuillère à café environ. Il faut enduire uniformément le papier, sinon le tirage aura des densités différentes suivant l’importance de la couche. Pour ça plusieurs méthodes :

 

avec un bon vieux pinceau… bof

avec un rouleau… un peu mieux

avec une spatule ou un tube en verre (c’est ce que j’ai utilisé, on est sûr d’en mettre partout régulièrement)

On laisse la papier sécher dans le noir,

puis on le stocke à l’abri de la lumière dans une vieille BD ou un dossier bien pressé pour qu’il redevienne bien plat (c’est important si l’on veut que l’image soit nette, le papier doit être rigoureusement plat !) 

Edit : NDLR gâre à la déception si votre papier n'est pas parfaitement plat... soignez donc bien cette étape du séchage sous presse

si votre papier n’est pas de ce beau jaune mais vire au vert, c’est que vos produits sont trop vieux.

 

L’exposition

tout simple : on pose le papier face sensible en haut, on pose dessus le papier tiré de l’imprimante avec le sujet à développer face contre la face sensible et on colle ou on scotche sur un côté SEULEMENT pour pouvoir vérifier de temps en temps l’avancée du développement,

je vous rappelle donc que vous avez dû tirer votre négatif... en négatif et en miroir horizontal, sous peine de voir votre raie du mauvais côté !

ça peut durer entre une heure et plusieurs jours suivant la densité de produit et l’ensoleillement.

là aussi plusieurs méthodes : pour les routards, il suffit de mettre au soleil (de préférence sous une vitre qui appuie un peu et colle bien le négatif au positif, sinon il y a des zones floues, ou bien coincé derrière une fenêtre)

L’expo est suffisante quand les noirs sont vraiment noirs et les blancs restent clairs ! bah oui, le cyanotype c’est de l’expérimentation… attention à ne pas retirer trop tôt, on est jamais assez long ! je dirai même qu’il faut bien pousser le temps d’expo sans avoir peur d’aller trop loin, le rendu est souvent trompeur.

 

Pour les pros, il y a les lampes UV… là c’est pas mon domaine, sachez qu’on réduit bien les temps de pose, il suffit alors de quelques minutes.

 

Le révélateur

De l’eau !

il suffit de passer sous l’eau le papier exposé. il faut compter quatre minutes dans un bac, puis une minute sous un filet d’eau (attention, le papier est fragile !)

il ne doit plus rester de jaune et les gouttes qui tombent de la feuille doivent être transparentes (et non jaunes)

voilà c’est fini, on laisse sécher le papier tranquillement suspendu à un fil, puis après une heure on le stocke quelques heures sous notre fameuse BD où le papier redeviendra plat !

Il faut alors attendre encore quelques jours à la lumière pour que le bleu devienne plus sombres. Pour les pressés, vous pouvez rajouter quelques cuillères à soupe de peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) dans votre bain de rinçage pour voir les bleus plus profonds tout de suite !


Sixtine, fichier numérique, imprimé sur A4, tirage au soleil, environ trois jours de développement !

 

si votre image a tendance à s’estomper avec le temps, laissez-là quelques jours dans le noir et les bleus retrouverons leur densité !

Parc des Lilattes sous la neige, fichier numérique,  imprimé sur A4, tirage au soleil.



plus de photos sur mon album photo à cette adresse


mise à jour fevrier 2008 © GG avec NVu